Face au réchauffement climatique, les représentants de près de 200 pays se réuniront pour la 28e conférence de l’ONU sur le climat (COP28) à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre 2023. Dates clés, participants, résultats attendus… tour d’horizon du programme et des enjeux.
► La COP se tiendra du 30 novembre au 12 décembre, à Dubaï
Les délégations des 196 pays du monde se presseront à Dubaï, première ville des Émirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre, pour la COP28. Plus de 70.000 personnes sont attendues : négociateurs et décideurs politiques bien sûr, mais aussi acteurs du monde économique, représentants d’ONG, d’organisations de jeunesse, religieux, chercheurs…
L’ouverture de la COP le 30 novembre sera suivie par deux journées de sommet au cours desquelles près de 140 chefs d’État et de gouvernement – dont le pape François (lire ci-dessous) – doivent s’exprimer, en prélude à une dizaine de jours de négociations.
► C’est la 28e conférence de l’ONU sur le climat
Abréviation de « Conférence des parties » (« Conference of Parties », en anglais), les COP climat rassemblent les signataires de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, entrée en vigueur en 1994. Elle rassemble aujourd’hui 196 pays ainsi que l’Union européenne, dont les représentants se réunissent chaque année depuis 1995.
Cette COP28 est cruciale, car les États devront négocier le texte du « bilan mondial » : un bilan des mesures prises jusqu’à présent accompagné d’objectifs pour les années à venir. Sur cette base, les pays devront proposer ensuite, d’ici à 2025, de nouvelles « contributions déterminées au niveau national », c’est-à-dire des plans d’action pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
► Le président de la COP est le patron d’une entreprise pétrolière
Les Émirats arabes unis ont nommé à la présidence de la COP Sultan Al Jaber, ministre de l’industrie du pays et PDG d’Adnoc, la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis. Il est aussi patron de Masdar, un géant des renouvelables.
Outre l’organisation logistique de la COP, Sultan Al Jaber devra présider les discussions pour parvenir à une « déclaration finale » qui fera consensus. La présidence peut aussi pousser des sujets à l’agenda.
► L’énergie au centre des débats
Sultan Al Jaber a d’ores et déjà annoncé qu’il veut pousser, dans le texte final de la COP, un objectif de triplement des énergies renouvelables et de doublement du taux d’efficacité énergétique. Une part croissante de pays souhaite que figure en parallèle un objectif de sortie de l’ensemble des énergies fossiles qui sera probablement, pour la première fois, au centre des débats.
En parallèle, cette COP promet d’être marquée par de nombreuses annonces de coalitions : des engagements volontaires qui rassemblent une poignée de pays. Des annonces sur le charbon sont attendues, ainsi qu’une coalition sur la réduction des émissions liées aux opérations pétro-gazières (production, transport, transformation) ou encore sur l’hydrogène.
► Bataille attendue sur le captage de carbone
Certains États veulent bien concéder une sortie du charbon ou des fossiles, mais seulement dans le cas où les émissions seraient « unabatted », c’est-à-dire ne seraient pas adossées à des dispositifs de captage et stockage de carbone. Les Émirats arabes unis tout comme l’industrie pétrolière et gazière mettent en avant cette solution, bien que celle-ci ne soit pas encore complètement mature technologiquement, ni déployable à grande échelle.
► Le financement Nord-Sud en toile de fond
L’un des enjeux de la COP sera à nouveau d’avancer sur la création d’un fonds sur les « pertes et dommages » – dégâts causés par le changement climatique – dans les pays les plus vulnérables, qui sera alimenté par les pays les plus riches.
Le principe avait été adopté à la COP27 mais de nombreux désaccord subsistent sur la pratique : qui doit payer ? Quelle forme prendra le fond ? Qui en bénéficiera?
De nombreux pays développés, dont l’Union européenne par exemple, plaident pour que des pays considérés comme « en développement » selon les vieux critères de l’ONU, comme la Chine ou les pays producteurs d’hydrocarbures, contribuent aussi à ce fonds.
► Conflits d’intérêts, lobbys et répression
Jamais une COP n’avait été aussi controversée, du fait de la porosité entre la présidence et l’industrie pétrogazière. Sultan Al Jaber ne s’est pas retiré temporairement d’Adnoc, comme le demandaient les ONG. Une enquête du Guardian a révélé que sa compagnie avait pu lire des e-mails relatifs aux négociations et a été consultée sur la stratégie média. Et depuis un an, le géant pétro-gazier poursuit massivement ses investissements dans le pétrole et le gaz.
Plus largement, l’ombre des lobbys plane sur cette conférence climat. Une enquête de nos confrères de l’AFP a révélé que McKinsey, plus grand cabinet de conseil au monde, s’était servi de son influence dans les préparatifs de la COP28 pour défendre les intérêts de ses clients pétro-gaziers.
En dehors de la question climatique, l’organisation d’une COP dans un pays extrêmement répressif fait débat. Un document émirien, publié le mois dernier, recommandait par exemple aux journalistes de ne pas publier d’informations pouvant « offenser directement ou indirectement le régime en place » ou « porter atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale », avant d’être supprimé.
► Le pape François finalement absent
Ce devait être une première, pour un pape. François devait se rendre à Dubaï pour participer à la COP28, du 1er au 3 décembre. Mais, à la demande de ses médecins, il a finalement dû y renoncer en raison des suites d’une inflammation pulmonaire.
Déjà, en novembre 2021, il avait prévu de se déplacer en Écosse pour la COP26, avant de renoncer, devant l’échec annoncé de la réunion. François avait préféré faire machine arrière, plutôt que de risquer d’apparaître comme une caution afin de cacher de mauvais résultats.
► Le retour du dialogue entre États-Unis et Chine
La Chine et les États-Unis ont annoncé le lancement d’un groupe de travail commun sur le climat le 15 novembre dernier. Les deux puissances – qui représentent ensemble 45 % des émissions – trouvent régulièrement, sur la question climatique, des terrains d’entente. Mais ces bonnes relations s’étaient fracturées sur fond de tensions sur le dossier taïwanais. Raison pour laquelle de nombreux observateurs se réjouissent de cette annonce, leur entente étant souvent perçue comme cruciale pour donner une impulsion aux négociations sur le climat.
► La France veut pousser le nucléaire
La France soutient l’objectif de triplement des capacités renouvelables dans le monde d’ici à 2030 mais plaide aussi pour un triplement des capacités nucléaires dans le monde d’ici à 2050. L’agenda d’Emmanuel Macron, qui sera présent les 1er et 2 décembre à la COP, s’articulera donc autour de ces thèmes, avec notamment un événement sur le nucléaire civil et l’autre sur la sortie du charbon.
Avec l’AFP