Chaque année, le Togo subit une perte d’environ 3.700 hectares de dégradation des forêts, soit plus de 5 millions d’arbres détruits : un taux de déforestation très élevé dans la région ouest-africaine. Situation qui a poussé l’État togolais a décrété une campagne nationale de reboisement depuis deux ans. L’ONG Reboisons vite le Togo (RVT) s’inscrit très bien dans la démarche des autorités togolaises. L’Agence Savoir News a rencontré Sébastien BALOUKI, Directeur exécutif de ladite ONG.
Monsieur Sébastien Balouki, présentez-nous brièvement l’ONG Reboisons vite le Togo (RVT)
Reboisons vite le Togo est une structure de protection de l’environnement qui a pour objectif : la protection et la gestion durable de l’environnement.
Nous avons six domaines prioritaires dans lesquels nous travaillons. Le premier, c’est l’agroforesterie et l’entrepreneuriat agricole. Le deuxième, la recherche et la formation en technique de production bio. Le troisième, est la formation, la recherche et la production des plants forestiers adaptés au changement climatique. Le quatrième, la gestion durable des terres, des forêts et espaces protégés. Le cinquième est la gestion des risques liés au changement climatique. Enfin, le dernier axe, est l’éco-tourisme, l’éducation citoyenne, la mobilité jeune et le partenariat nord-sud ou sud-sud.
Pourquoi devons-nous « vite reboiser le Togo » ?
Reboisons vite le Togo, est le nom de notre structure et en même temps une interpellation à tout le peuple togolais à travers le Togo et dans le monde entier, car une action menée localement a quelque part, a un impact mondial, international. Du coup, un arbre coupé quelque part au fin fond de l’Amazonie a un impact très visible un peu partout et les conséquences sont très largement répandues. Donc reboisons vite, parce qu’il y a une urgence. Et vu l’urgence, les problèmes que nous avons, vu les impacts de la déforestation, des changements climatiques, des problèmes environnementaux, il faut donc des actions. Nous voulons des actions concrètes et nous plaçons l’arbre au centre de toutes ces actions.
Quelle appréciation faites-vous de la campagne nationale de reboisement ?
Le gouvernement a entendu notre cri d’alarme. On faisait le plaidoyer depuis 2008 où nous avons créé l’Ong +Reboisons vite le Togo+. Les gens ne nous ont pas cru au départ, mais aujourd’hui, les faits sont là.
Depuis deux ans, le gouvernement s’est mis dans la dynamique d’une campagne de reboisement au lieu d’une journée nationale de reboisement. C’est une belle chose et cela nous réconforte. Nous sommes très fiers parce que notre cri d’alarme a été entendu au plus haut sommet de l’Etat.
Selon vous, il n’y a pas de failles dans cette opération ?
Oui, mais pour toute œuvre humaine, il y aura toujours des failles. Au niveau de cette opération de campagne de reboisement, il y a des failles. Et ces failles doivent être corrigées. Quand on parle de l’environnement dans sa globalité, nous nous référons aux arbres. Donc, il faut savoir le type de plant à mettre en terre, l’emplacement et l’objectif visé. Et nous sommes en train de corriger ces petites failles. Elles ont été soumises aux autorités, des partenaires privés comme publics, afin d’aider à analyser les zones, pour qu’on puisse atteindre l’objectif visé. En plus, il ne sert à rien de mettre les plants en terre, sans faire de suivi. Tout cela mérite un ensemble de travail pour qu’on puisse arriver à bien gérer et réussir la campagne. Si non, ces failles se corrigent au fur et à mesure, l’Ong RVT étant dans sa dynamique d’aider la population, pour une parfaite réussite de cette campagne.
Vous n’êtes pas sans savoir aussi que nous produisons des plantes sur le territoire national. Nous avons des sites de production, nous avons ces plants selon leurs zones et nous appuyons les populations à mieux connaître leurs objectifs de reboisement pour qu’on puisse atteindre les 1 milliards de plants d’ici 2030. 1 milliards de plants, c’est beaucoup, mais on peut faire mieux encore si on s’y met avec plus de détermination.
L’expérience a montré que le taux élevé de la déforestation est lié au fait que nous coupons anarchiquement les arbres. Environ 90% des ménages au Togo utilisent le bois de chauffe et le charbon de bois comme sources d’énergie pour cuisiner
Effectivement, le taux de déforestation au Togo est très élevé par rapport à la sous-région, situation due essentiellement à l’utilisation du bois de chauffe. Pratiquement tous les ménages au Togo, utilisent le charbon de bois. Raison pour laquelle, nous prônons beaucoup d’actions : pas seulement planter des arbres, mais gérer durablement. La gestion durable signifie comment un arbre coupé peut être géré pour nous donner le maximum de bénéfice, au lieu de le couper pour qu’il serve de bois ou de charbon, en détruisant nos forêts. Par ailleurs, nous avons appuyé la formation de certains jeunes pour la production des foyers améliorés, mis à la disposition des populations, pour qu’on puisse réduire le taux de consommation du bois de chauffe. Actuellement même, nous avons un projet, pas avec les foyers améliorés avec le charbon, mais des foyers traditionnels améliorés. Il s’agit des foyers qui utilisent des bois de chauffe mais avec une utilisation très écologique.
Un bois de chauffe qu’on met dans ce fourneau, va faire cuire plusieurs choses au même moment. C’est très bénéfique et nous sommes en train de prôner ces foyers. Nous sommes en train de chercher des partenaires pour lancer cette formation de ces foyers traditionnels améliorés dans les campagnes pour qu’ils soient vulgarisés. Donc les foyers améliorés comme les foyers traditionnels améliorés sont des alternatives qui doivent être vraiment soutenues pour le bien de nous tous et pour la réduction drastique du taux de déforestation.
Doit-on interdire l’utilisation des bois de chauffe et du charbon de bois ?
L’interdiction du bois de chauffe ou du charbon de bois ne résout pas tellement le problème, puisque nous dépendons tellement de cette source d’énergie. Il faut plutôt aider les parents à produire des foyers traditionnels améliorés, afin de réduire la consommation du bois ou la consommation du charbon de bois. Il faut qu’on trouve des alternatives pour créer des forêts communautaires à caractère de l’utilisation du bois de chauffe. Car ce sont des bois à croissance rapide.
Donc, il faut créer des forêts à croissance rapide pour permettre aux populations d’avoir le bois de chauffe pas loin de leurs villages et de laisser la forêt qui existait dans son état et sans pression.
Depuis quelques jours, l’ONG Reboisons vite le Togo s’est lancée dans une vaste campagne de reboisement à la plage de Lomé et dans d’autres communes environnantes, en mettant en terre, des cocotiers, des orangers, des goyaviers, des manguiers et autres. Pourquoi une telle opération ?
Depuis quelques jours, RVT s’est lancé dans une vaste campagne de reboisement à la plage et dans le Grand Lomé. Nous avons choisi sept communes pour lancer le projet intitulé ATIGNON (l’arbre est bon en langue locale). Nous avons mobilisé les moyens avec l’appui de notre partenaire, la FAO (Fond des Nations Unis pour l’Agriculture et l’Alimentation), pour le reverdissement des plages de Lomé, la création d’espaces verts dans les communes du Grands Lomé et la sensibilisation des jeunes écoliers sur les bonnes pratiques environnementales.
Nous avons mis l’arbre au centre et quel type d’arbre pour ce projet, c’est les arbres fruitiers, les cocotiers, les orangers, les manguiers, les corossoliers, les citronniers et d’autres arbres que des maires en concertation et la population désirent pour qu’on puisse mettre dans leurs quartiers, dans leurs écoles ou dans leurs espaces publics pour créer des espaces verts pour le bonheur de toute la population et de tout le bonheur de l’humanité toute entière.
Notre souhait à terme est de planter les cocotiers sur toutes les plages du Togo (de la frontière du Ghana à la frontière du Bénin), et créer des espaces verts dans toutes les communes du Togo. FIN
Propos recueillis par Emile KOUTON