L’innovation agricole était vendredi au cœur d’un des panels inscrits à l’agenda du Salon International de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire (SIALO) ouvert depuis mardi au Centre Togolais des Expositions et Foires (CETEF) de Lomé.
Deuxième panel de Salon, cette rencontre avait pour thème : « L’innovation agricole au service des communautés ».
Au Togo, l’agriculture fournit l’essentiel des produits d’exportation et nourrit la population locale. C’est l’un des socles de l’économie nationale. Mais face au changement climatique, elle se forge une résilience. Le panel de discussions a permis d’explorer les innovations dans le domaine agricole, les défis liés au domaine agricole et comment encourager ces innovations agricoles pour accroître la productivité.
Résilient face au changement climatique
Les panélistes ont ensemble avec les participants, discuté de la façon d’encourager l’agroécologie contre les impacts négatifs du changement climatique.
Selon Vias Michel (directeur d’Agui Tech), il se pose donc un sérieux problème de déploiement. Avec sa structure, ce dernier identifie des innovations et technologies, trouve des partenariats pour un transfert de technologies.
« Dans le domaine de la productivité, nos pays sont très en retard en raison du manque d’innovation, de technologie. Il existe beaucoup d’innovations, mais le problème c’est de les mettre dans les mains de nos paysans, ceux pour qui ces technologies sont créées », a-t-il souligné.
Pour M. Kolani (ingénieur agronome et enseignant à l’UL) qui s’investit aussi dans la recherche sur les bio fertilisants, le développement a commencé d’abord par l’agriculture avant de migrer vers d’autres secteurs.
Mais on ne peut pas développer un produit sans parler de la recherche, car elle est au centre de l’innovation, mais il faut vraiment l’adapter aux conditions locales.
« Il faut voir comment encourager à créer et encourager à mettre ces services au profit des agriculteurs pour un bon décollage de l’agriculture au Togo… Par exemple, en Israël, il existe une forte collaboration entre les chercheurs et les paysans. Les paysans identifient le problème et se dirigent vers les chercheurs, qui à leur tour, recherchent les solutions adaptées et les rapportent aux paysans ».
Passama Pitcholo, un agroéconomiste (représentant la Chambre de commerce et de l’industrie du Togo) soutient qu’il est également question d’accompagner les innovations en octroyant des crédits à la recherche.
Adapter l’existant aux réalités locales
Effectivement, il existe au Togo, un centre d’appui à l’innovation et selon les conseils de Kagnassim Telou (OAPI), il faut prendre les brevets déjà tombés dans le domaine public et les adapter aux réalités locales. Ces brevets sont au centre d’appui à la technologie.
Notons que Razak Adjei (directeur de Tar Agro), un des panélistes, a partagé son expérience. Ce dernier a mis en place un produit phytopharmaceutique qui a passé des étapes de contrôle de qualité et qui s’est révélé efficace contre des ravageurs et autres agents perturbateurs des cultures.
Plusieurs questions ont fait l’objet d’éclairage. La plupart des intervenants ont appelé à accompagner les jeunes entrepreneurs sur la qualité des produits locaux, l’emballage, la conservation.
Il faut noter que beaucoup de jeunes se sont lancés dans l’entrepreneuriat, mais ils manquent de stratégies convaincantes pour la promotion de leurs produits. De plus, les consommateurs les trouvent trop chers et se ruent vers les produits importés.
Pour certains des participants, c’est plutôt une question de communication, car les mentalités n’ont toujours pas changé vis-à-vis des produits locaux que beaucoup trouvent mal emballés, peu attractifs, avec des réserves sur la conservation. Les innovations doivent donc évoluer sous cet angle aussi.
Quelques participants trouvent par exemple, que les jus de fruits locaux ne sont pas homogènes du tout, et déplorent la présence de sable dans certaines céréales, ce qui n’est pas le cas pour les produits venus d’ailleurs.
« Moi j’ai trouvé des charançons dans mon sachet de fonio et les noix de cajou n’étaient pas du tout croustillantes, ce qui m’a fait douter de la conservation du produit. Pour moi, acheter n’est pas un problème, mais il faut plus de soin », a conseillé l’une des participantes.
La question de la protection des innovations a largement été abordée et les efforts de Logou Concept cités. Par ailleurs, tous les panélistes ont admis qu’il faut un mécanisme pour encourager et aider les jeunes. Par exemple, la mise en place d’un fonds d’aide à la promotion de l’innovation viendra certes les encourager, mais il est aussi important de leur montrer des modèles de réussite dans les filières spécifiques.
Rappelons que le Salon International de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire est une vitrine pour la valorisation et la promotion des produits agricoles locaux à travers une opportunité : mettre ensemble les acteurs et les professionnels de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de l’agroalimentaire, de la gastronomie, de la représentation et de la distribution de marques de produits alimentaires.
Cette 10ème édition est placée sous le thème mécanisation et irrigation : leviers d’une agriculture moderne et durable.
Au moins 5000 visiteurs sont attendus à ce salon qui regroupe une quinzaine de pays. Cette édition fait la part belle à Kara, ville située à 420 km au nord de Lomé. Les expositions prennent fin le 20 octobre prochain. FIN
Ambroisine MEMEDE