Curage du Chenal de Gbaga et restauration de son écosystème : Les populations bénéficiaires sensibilisées sur l’importance de ce projet commun à WACA-ResIP Togo et Bénin

Bientôt les travaux de curage mécanique du chenal de Gbaga, à Agouégan dans la préfecture des Lacs, vont démarrer. En prélude à ces travaux, les médias partenaires de la radio du littoral, en collaboration avec les responsables du projet de résilience côtière (WACA-ResIP), étaient vendredi 2 août dernier, dans cette localité, pour sensibiliser les communautés riveraines sur l’importance économique et environnementale de ce projet.

 

Cette rencontre a permis d’intensifier les échanges avec tous les acteurs impliqués, en vue de leur adhésion aux actions à réaliser

 

Zone humide d’importance internationale, située entre le Togo et le Bénin, le chenal de Gbaga fait partie de la réserve de biosphère du Mono, dans sa partie togolaise. Malheureusement, cette zone est confrontée, depuis ces dernières années, à des pratiques néfastes, telles que la déforestation, les feux de brousse incontrôlés, la pêche excessive, le braconnage, l’envasement, etc.

 

Les populations riveraines, principalement les pêcheurs, ont été contraints de recourir à d’autres moyens de substance et à l’exode.

 

Pour éviter ces conséquences désastreuses, il est prévu, au titre des activités du projet d’investissement de résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA-ResIP), le curage mécanique de ce chenal et la restauration de son écosystème associé.

 

Et pour la réalisation de toutes ces activités, une étude de faisabilité, de conception technique du curage et de la restauration de l’écosystème associé a été faite par le Groupement de cabinet européen IMDC/IGIPAFRIQUE, sous la supervision de deux projets : WACA-Togo et WACABénin.

 

En prélude à ces travaux, les responsables de WACA Togo et la radio du littoral étaient, vendredi 2 août dernier à Agouégan, dans les Lacs, pour le compte de leur 24e édition radiophonique.

 

L’objectif étant de sensibiliser les populations riveraines sur le bien-fondé de cette initiative qui va permettre de réduire les risques d’inondation et de promouvoir un développement résilient aux changements climatiques du littoral togolais et béninois. Il s’agit également de faciliter la navigation sur le chenal à des fi ns économiques et touristiques, de restaurer les écosystèmes de mangrove, garantissant ainsi la protection des ressources floristiques et fauniques.

 

Les travaux à mener conjointement entre le Togo et le Bénin

 

En effet, les travaux qui seront menés conjointement entre le Togo et le Bénin sur ce cours d’eau, comprennent, entre autres, les travaux préparatoires (état des lieux, préparation et installation des sites de chantier, sécurisation et éclairage éventuel du site, amenée et repli du matériel, identification des pistes d’accès au chantier, etc.), le faucardage complet des plantes aquatiques envahissantes présentes dans le chenal (Jacinthe d’eau, souchet articulé et laitue d’eau) qui couvrent une superficie de 45 ha, soit 17% du chenal.

 

Sans oublier le dragage d’une section minimale (composée de sédiments sableux et fi ns), en vue de restaurer la navigation des pirogues en toute sécurité sur l’ensemble du chenal, et le plan de restauration de l’écosystème par la plantation de mangroves.

 

Il y’a également la création des sites de stockage et de traitement des déchets issus de cette activité, qui seront transformés en composte. Le coût total de toutes ces activités, qui couvrent une période de 9 mois, est estimé à près de 5 milliards de FCFA. Ces activités ont démarré par les travaux préparatoires, en avril dernier, et se poursuivront par les grands travaux, probablement à fin août 2024.

 

Impliquer davantage les populations concernées

 

Présentant le projet WACAResIP et sa motivation pour cette activité, le coordonnateur adjoint, M. Yawo Komi, a souligné que c’est un programme de gestion du littoral ouest – africain, mis en place par les Etats côtiers. Ceci, pour faire face aux phénomènes d’érosion côtière, inondation et de pollution.

 

«C’est un projet qui a démarré en 2020 au Togo et constitue une réponse durable que le gouvernement a voulu apporter à ces problèmes.

 

Notre présence à Agouégan est motivée par l’une des activités que mène le projet WACA. Je dois rappeler que pour cette activité, il y a le Togo et le Bénin qui travaillent ensemble pour faire face, de façon collégiale, au problème d’érosion côtière. En dehors de cette érosion, il y a également les problèmes d’inondation que les deux pays veulent gérer de commun accord.

 

Ces problèmes portent sur l’envasement du chenal de Gbaga, qui constitue la limite naturelle entre les deux pays. Les communautés peuvent témoigner que ce canal naturel était navigable à ses débuts et bordé par un écosystème très apprécié dans ce milieu. Mais, avec le temps, cet écosystème a disparu sous la pression exercée par les communautés riveraines. La disparition de cet écosystème est à l’origine de l’envasement accompagné d’autres problèmes comme l’occupation du fleuve d’eau par les plantes aquatiques envahissantes. Ce chenal a perdu cette capacité de navigation et par endroit, c’est toute une forêt qui a occupé le plan d’eau et le fleuve a perdu un peu ses services écosystémiques», a-t-il expliqué.

 

Selon le coordonnateur adjoint, le «curage a un double objectif. Premièrement, il s’agit de contribuer à faire face aux problèmes d’inondation dans les villages riverains des deux côtés. En seconde position, il est question de redonner à ce chenal sa capacité de navigation d’antan».

 

Pour ce faire, M. Yawo Komi a fait savoir qu’une entreprise a été recrutée pour procéder aux travaux, qui sont d’une grande importance et ne peuvent se faire sans que les populations ne soient impliquées et sensibilisées.

 

Il a exhorté les riverains à accompagner cette initiative de l’Etat qui se préoccupe de leur bien-être.

 

Solution minimaliste requise pour un bon résultat

 

Selon M. Eusebio César, spécialiste en génie civil côtier senior, les travaux du curage du chenal de Gbaga et la restauration de son écosystème associé constituent la deuxième activité commune Togo-Bénin et concernent plus le Togo qui est le lead. Puisque, c’est le Togo qui a signé le contrat avec l’attributaire, suivi d’un mémorandum d’entente entre les deux pays. Il a indiqué que c’est la solution minimaliste requise pour la réalisation de ces travaux.

 

Elle permet, avec l’analyse multicritère, d’avoir un bon résultat où on ne fait le curage que sur 3km, pour une longueur totale de 30km, sur une bande centrale de 10m et à une profondeur d’environ 50 cm par rapport au niveau de l’eau.

 

«Trois grands types de travaux sont prévus, l’enlèvement des végétaux envahissants (faucardage) qui sont surtout vers Agbanakin, le curage (dragage) et la restauration de l’écosystème par la plantation des mangroves. Tous ces travaux vont permettre de réduire les risques d’érosion côtière et les changements climatiques. Comme acquis pour les populations, c’est la reprise de la navigation entre le Bénin et le Togo, la pratique aisée de la pêche, ainsi que le recrutement de la main d’œuvre locale», a-t-il fait savoir.

 

Le processus de sauvegarde environnementale et sociale

 

Sur d’autres aspects, M. Loukoumane Nadjari, spécialiste en sauvegarde sociale et genre, a indiqué que les travaux ont pris en compte l’élaboration de l’Etude d’Impact Environnemental et Social (EIES) approfondie, le Plan d’Action de Réinstallation (PAR) et la redynamisation du mécanisme de gestion des plaintes.

 

«Quand un projet d’envergure comme celui du curage du chenal se fait, il y a une étude environnementale et sociale qui se mène. Cette étude a été confiée à un groupement de cabinets qui a gagné le marché et a réalisé les études du côté Bénin et du Togo. A l’aboutissement du processus, au niveau national, il y a l’Agence Nationale de Gestion de l’Environnement (ANGE) qui doit s’assurer de l’exactitude des données recueillies sur le terrain, en consultant les populations concernées.

 

Ce qui fut fait, permettant à l’ANGE d’aller à la rencontre des bénéficiaires du projet, en parcourant chaque village, le long du chenal, pour les écouter, exposer ce qui est attendu au niveau des travaux, les impacts que cela pourrait engendrer et, in fi ne, recueillir l’adhésion de ces bénéficiaires. L’apothéose de tout ce processus a abouti à la validation de ce travail au niveau national, fin janvier 2023, avec des personnes leaders du milieu.

 

Le même processus a été observé du côté du Bénin. Les deux documents ont été conjointement validés entre les deux pays, du 30 novembre au 1er décembre 2023, en vue d’avoir un consensus sur les activités à mener», a-t-il détaillé.

 

Pour les bénéficiaires, ce projet va permettre d’améliorer leur quotidien. Ils ont donc remercié les responsables de WACA et, à travers eux, le chef de l’Etat, pour cette initiative louable qui vient en aide aux pêcheurs, mareyeuses et maraîchers, permettant d’améliorer leurs moyens de production et leurs revenus de manière durable.

 

«Le chenal de Gbaga, qui s’étend sur 30km, d’Agbanakin jusqu’à Zébé, sera rénové. Cette zone humide est mise à rude épreuve et si rien n’est fait d’ici là, sa durabilité sera compromise. C’est pourquoi nous remercions l’ensemble du gouvernement, qui a prévu le curage du chenal, afin de restaurer la vitalité de cette partie du territoire», s’est réjoui M. Agbégnito Gawonou, représentant des jeunes du village d’Agouégan.

 

Firmin DEFALEON (Togo Presse)

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