Le texte, dont chaque mot a été âprement négocié, mentionne toutes les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) mais ne parle pas de « phase out » (suppression progressive), un terme réclamé depuis des mois par une centaine de pays et des milliers d’ONG mais qui faisait office de drapeau rouge pour certains États pétroliers, notamment.
Pour Dave Jones du Global Insights Lead d’Ember, l’accord adopté par plus de 200 pays à la COP28 « marque le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles ». Mais les analystes soulignent aussi qu’il comporte des lacunes.
Voici les principaux points à retenir:
– tous les fossiles mentionnés –
Le texte adopté mercredi matin stipule que le monde doit « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».
Si les négociations des Nations unies sur le climat ont déjà mentionné les combustibles fossiles par le passé, c’était pour appeler à une suppression progressive des subventions « inefficaces ».
S’attaquer à l’ensemble des combustibles fossiles, qui représentent environ trois quarts de toutes les émissions d’origine humaine, est « sans précédent dans ce processus », a déclaré David Waskow, directeur de l’action internationale pour le climat au World Resources Institute.
Selon les observateurs, l’appel à une accélération « au cours de la présente décennie » constitue un autre point positif. Ce délai est crucial étant donné que, selon le GIEC, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de près de moitié d’ici à 2030 pour ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.
Ils se sont toutefois inquiétés du fait que l’appel à l’abandon des combustibles fossiles ne concernait que le secteur de l’énergie et ne faisait pas référence aux plastiques et aux engrais polluants.
– les énergies renouvelables –
Dans le détail, le texte de Dubaï appelle à « tripler la capacité des énergies renouvelables au niveau mondial et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030 ».
Au début des négociations, plus de 130 pays avaient signé un engagement volontaire en ce sens, mais les observateurs estiment que leur inclusion dans le principal texte de décision de la COP28 est essentielle.
L’élan en faveur de cet objectif s’est renforcé, notamment en raison de l’augmentation spectaculaire de la capacité des énergies renouvelables au cours des dernières années.
En septembre, le G20 – responsable d’environ 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre – avait enclenché le mouvement en approuvant l’objectif de tripler la capacité des énergies renouvelables d’ici la fin de la décennie.
L’AIE a prévu que la demande mondiale de pétrole, de gaz et de charbon devrait atteindre son pic au cours de cette décennie grâce à la croissance « spectaculaire » d’énergies plus propres et des voitures électriques.
« Pour la première fois, le monde a reconnu l’ampleur de l’ambition requise au cours de cette décennie pour construire le nouveau système d’énergie propre », analyse M. Jones.
Le triplement des renouvelables et doubler l’amélioration de l’efficacité énergétique « constituent les actions les plus importantes susceptibles d’entraîner une réduction rapide des combustibles fossiles au cours de cette décennie » a-t-il jugé.
– le charbon –
C’est lors de la conférence de Glasgow sur le climat, il y a deux ans, que les négociateurs ont pour la première fois tenté d’obtenir un accord pour arrêter de brûler des combustibles fossiles, en mettant l’accent sur le charbon.
Les participants avaient alors décidé de réduire progressivement la production d’électricité à partir du charbon sans recours aux technologies de captage des émissions de carbone. Une formulation conservée par les négociateurs de Dubaï.
Le charbon est le combustible fossile le plus polluant, mais il constitue également un pilier de nombreux systèmes énergétiques dans les économies en développement, notamment en Inde et en Chine.
SOURCE: AFP