Amazonie: les écosystèmes des îles forestières sont condamnés

C’est à l’évolution de la biodiversité sur ces îlots qu’une équipe internationale s’est intéressée. Car les chercheurs le savent. La perte et la fragmentation des habitats comptent parmi les principaux moteurs de l’extinction actuelle des espèces. La région du barrage de Balbina constitue ainsi pour les scientifiques une sorte de laboratoire d’expérimentation naturel « rêvé ».

Le saviez-vous ?

La théorie des réseaux utilisée ici par les chercheurs pour étudier comment la fragmentation de l’habitat forestier affecte la biodiversité perçoit les parcelles et les espèces comme des unités connectées à l’échelle du paysage entier, paysage qui englobe un réseau d’espèces et d’habitats.

Les chercheurs ont ainsi étudié dans le détail 22 de ces îles forestières. Des îles sélectionnées pour leurs tailles variables – même si 95 % des îlots de la région s’étendent sur une surface de moins d’un kilomètre carré, sur lesquels ils ont identifié 608 espèces appartenant à 8 groupes distincts. Des mammifères, moyens et grands, mais aussi des petits mammifères, des lézards diurnes, des oiseaux, des grenouilles, des bousiers, des abeilles et des arbres.

Les tapirs font partie de ces animaux trop imposants pour survivre dans le nouvel environnement morcelé créé par l’installation du barrage de Balbina (Brésil). © aussieanouk, Adobe Stock

LES TAPIRS FONT PARTIE DE CES ANIMAUX TROP IMPOSANTS POUR SURVIVRE DANS LE NOUVEL ENVIRONNEMENT MORCELÉ CRÉÉ PAR L’INSTALLATION DU BARRAGE DE BALBINA (BRÉSIL). © AUSSIEANOUK, ADOBE STOCK

La fragmentation de l’habitat, mauvaise pour la biodiversité

Ces travaux ont permis de confirmer l’extinction généralisée des espèces dans cette région du Brésil. Car seuls quelques-uns des plus grands îlots sont capables de maintenir une biodiversité complète… ou presque. Semblable à celle que l’on connaît à l’Amazonie. Les plus petits îlots, eux, sont dominés par des espèces – aussi bien d’animaux que de plantes – généralistes. Des espèces que l’on trouve aussi ailleurs. Les espèces plus spécialisées, qui vivent sur « le continent », en sont quasiment absentes.

Sur les petites îles, finalement, seules les espèces les plus souples survivent encore, après presque trois décennies d’isolement. Les tatous, par exemple. Les grands mammifères – comme le tapir ou le jaguar – pourraient même, de leur côté, avoir disparu des îlots de taille moyenne. Le lien entre taille de l’espèce et risque d’extinction n’est pourtant pas toujours aussi direct. Les plus grandes espèces d’abeilles à orchidées sont ainsi présentes en nombre un peu partout. Tout comme les grandes espèces d’oiseaux. Le tout faisant tout de même apparaître une simplification de la structure du réseau et une modification de certains de ces paramètres les plus importants.

En conclusion, et face aux nombreux projets de développement de l’hydroélectricité en Amazonie, les chercheurs recommandent d’éviter de reproduire ce genre de scénario de création de petites îles par l’inondation d’une grande étendue de forêt, afin de limiter les pertes de biodiversité et d’aider les écosystèmes à continuer de fonctionner. Les chercheurs recommandent aussi d’intégrer la perte de biodiversité aux coûts environnementaux de tels projets pour déterminer si la construction de barrages dans les forêts les plus luxuriantes de la planète… vaut vraiment la peine !

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